Les Bourbouloux & Festival,
2015, acrylic on wood, 153 x 175 cm
" De vivre les choses que j’aurais envie de peindre."
Artiste, Julien Beneyton développe un travail singulier autour d’un
univers urbain et pictural. En effet, son discours, sa façon d’être au
monde sont celles d’un peintre au même titre que les Flamands, pour ne
citer qu’eux. Il est, comme l’a ironiquement formulé Marcel Duchamp, un
broyeur de chocolat. Nous le retrouvons, artiste dans son atelier, en
train de peindre, enchaîné à ses pinceaux, esclave de ce qu’il vient de
créer, dans un acte que la psychanalyse nommerait d’onanique.
Pourtant, tel un pied de nez à ce complexe « la peinture est morte »,
Julien Beneyton, intuitivement, décale la problématique de
l’impossibilité de peindre en assumant entièrement et sans détour la
représentation, le réalisme, la narration, le travail d’atelier, et ô
sacrilège, la peinture.

Les pigments ont laissé place aux tubes d’acrylique, basic. Pas de
snobisme, il travaille avec les outils de son temps, l’huile n’a ici
aucune place ! Non pas qu’il s’agisse d’un déni, mais plutôt que la
technique n’est pas adaptée à sa manière de peindre, n’est donc pas un
bon outil. Déjà, cet acte replace conceptuellement son travail dans une
appropriation de la peinture classique. Les maîtres anciens, dont
l’artiste s’influence, connaissaient-ils l’acrylique ? Non. Ils
utilisaient les matériaux de leur époque. D’autre part, nous l’avons
dit, ce média est ajusté à l’œuvre de l’artiste qui travaille en couche,
n’est pas dans la pâte picturale, et accélère si besoin est, le temps
de séchage. Les couleurs sont souvent crues, franches, sorties du tube.
Son support n’est pas la toile mais un coffrage de bois contreplaqué et
les tranches latérales sont des éléments à part entière de la
composition. Cela renforce l’éloignement avec les peintres modernes qui
considéraient cet espace comme virginal et plan. Plus de cadre, la
peinture se décolle du mur, se fait objet. Ne serait-il pas hors propos
de mettre à ses œuvres un cadre en dorure baroque alors que nous sommes
en 2010 ? Tous les éléments techniques et plastiques font sens,
constituent une esthétique – et non un style. Au même titre, nous
pouvons trouver l’existence d’un rapport analogique entre ses couleurs,
son support, son trait, son implacable figuration : la mollesse y est
absente. Il se permet la liberté de faire un bond dans le temps,
d’éluder les problématiques des modernes pour se concentrer sur la
peinture et ce qu’elle a à dire, se la réapproprier en tant que simple
moyen. Il est un artiste d’aujourd’hui inscrit dans une manière
classique pour dire les choses de notre contemporanéité.
Suite du texte de Shandi Bouscatier sur le site de Julien Beneyton.
Les enfants du Bon Dieu, 2016, acrylics on wood and frames, 58,5 x 40 cm (x3 triptych)