Face à l’engouement pour leurs formations, les écoles d’art publiques
les plus prestigieuses peinent à ouvrir leurs portes à des profils
variés. Des dispositifs tentent de contrer ce formatage des admis.
par Sylvie Lecherbonnier
par Sylvie Lecherbonnier
« Je pensais encore il y a peu que les Arts déco, c’était seulement un musée »,
avoue, amusée, Anna Gevorgyan. En ce matin de février, la lycéenne en
bac pro métiers de la mode travaille dans l’atelier gravure de l’Ecole
nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad), à Paris. Elle dessine
avec de l’encre épaisse et noire sur des plaques de métal, qu’elle passe
ensuite sous presse. A côté d’elle, Axel, Athena, Léa s’affairent
autour de la grande table recouverte de cartons.
Ils sont 31 lycéens, venus de toute la France et de toutes les filières, à participer à ce stage « égalité des chances » organisé par la Fondation Culture & diversité. Une préparation intensive aux écoles d’art où, pendant cinq jours, se côtoient élèves de terminale en bac pro STD2A ou voie générale option arts plastiques, dans une ambiance proche de la colonie de vacances. Ils logent tous à l’auberge de jeunesse et enchaînent les visites de musées, les travaux en atelier, les rencontres avec des artistes…
Ils sont 31 lycéens, venus de toute la France et de toutes les filières, à participer à ce stage « égalité des chances » organisé par la Fondation Culture & diversité. Une préparation intensive aux écoles d’art où, pendant cinq jours, se côtoient élèves de terminale en bac pro STD2A ou voie générale option arts plastiques, dans une ambiance proche de la colonie de vacances. Ils logent tous à l’auberge de jeunesse et enchaînent les visites de musées, les travaux en atelier, les rencontres avec des artistes…
Axel Marie, en terminale L option arts plastiques, vient de Caen : « Je
vis seul avec ma mère, je n’aurais pas pu venir une semaine comme ça si
ce n’était pas pris en charge. Je voudrais être artiste, mais je me
sentais assez seul jusqu’à présent. Là, je vois qu’il y a des gens qui
peuvent m’aider. »
Si ce stage constitue le point
d’orgue du programme « égalité des chances » de la fondation créée
en 2006 à l’initiative de Marc Ladreit de Lacharrière, patron de
Fimalac, il n’en est qu’une étape. En amont, une phase d’information sur
les écoles d’art et de design a lieu dans les lycées REP (réseau
d’éducation prioritaire) partenaires. En aval, la fondation octroie des
bourses pour le passage des concours, des aides au logement ou à l’achat
de matériel pendant les études, et poursuit l’accompagnement jusqu’à
l’insertion professionnelle. Neuf écoles d’art participent à ce
programme, et la fondation a aussi mis en place ce dispositif dans douze
autres écoles (théâtre, architecture, cinéma, patrimoine).
Plus de 18 000 jeunes issus de l’éducation prioritaire ont été
sensibilisés depuis treize ans, dont 1 700 ont été plus spécifiquement
accompagnés et 700 ont réussi un concours. Florence Lafargue, en
troisième année aux Arts déco, en fait partie et encadre aujourd’hui les
lycéens du stage. « Je ne serais jamais entrée à l’Ensad sans ce dispositif, dit-elle. Mon dossier artistique aurait été beaucoup trop naïf. Sans compter l’aide financière reçue pour passer les concours. »
Culture & diversité tente ainsi d’ouvrir un peu plus grande la porte
de la cinquantaine d’écoles d’art publiques. Face à l’engouement que
suscitent ces études, il y a aujourd’hui embouteillage à leur entrée,
comme le note une enquête réalisée pour le séminaire régional de
l’European League of Institutes of the Arts (ELIA), qui se tient à
Nantes du 13 au 15 mars. Si les écoles recrutent un candidat sur trois
en moyenne en première année, la sélection est bien plus drastique dans
les établissements les plus prestigieux : 3,5 % à l’Ecole nationale
supérieure des arts décoratifs, 7 % à l’Ecole nationale supérieure de
création industrielle (Ensci ), 8 % aux Beaux-Arts de Paris, 15 % à
Nantes.
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